Pierre Gascar, Le Présage [1972], Paris, Gallimard, coll. L’Imaginaire, 2015.
Qui connaît aujourd’hui le nom de Pierre Gascar ? Cet écrivain prolixe, auteur d’une soixantaine d’ouvrages et lauréat du Prix Goncourt en 1953, eut pourtant son heure de gloire. Certains critiques le considéraient comme l’égal de Camus, Sartre, ou Giono ! Ardent défenseur de la nature à une époque où l’écologie n’avait pas même encore été imaginée, il exerça une influence décisive sur le romancier Michel Tournier, qui ne s’en cachait pas… Inexplicable, le mystérieux oubli a rendu les livres de Pierre Gascar quasi introuvables. L’on ne peut donc que se réjouir de la récente réédition de l’un de ses plus fins ouvrages, Le Présage, aux éditions Gallimard.
Ce livre remarquablement écrit n’est ni un roman d’aventures, ni un récit d’anticipation, mais on le lit dans l’étonnement d’une émotion tout à fait singulière, comme si c’était la première fois que l’on prenait réellement conscience de la gravité des menaces qui...
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Claude Eveno, L’humeur paysagère, Christian Bourgois Editeur, 2015.
Les livres de jardins que l’on trouve d’ordinaire à l’étal du libraire sont plutôt des « beaux livres » qui mettent en scène des paysages de rêve, des parcs aux futaies somptueuses, des roseraies délicates bordées d’allées impeccables où la vie semble s’écouler comme une évidence, telle l’eau limpide des bassins. Le livre de promenades que nous offre Claude Eveno n’a pas grand-chose à voir avec ces ostentations sur papier glacé car c’est d’abord un livre écrit dans lequel les illustrations – des cartes postales anciennes, des reproductions de toiles et de gravures -, n’ont qu’une fonction de témoignage anecdotique. Aucun programme de visite n’est d’ailleurs établi, et il ne s’agit en rien d’un catalogue : plutôt d’une pérégrination décomplexée menée au fil des jours dans la lumière déclinante d’un passé qui, loin d’appesantir l’expérience émotionnelle avec son fardeau de nostalgie, semble au contraire la...
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Henri Michaux, En rêvant à partir de peintures énigmatiques, [1964], Fata Morgana, Saint-Clément, 2012.
Je croyais avoir tout lu d’Henri Michaux lorsque j’ai découvert dernièrement ce petit opuscule à la boutique de la collection Magritte des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Que l’on puisse s’adonner à la rêverie en contemplant les peintures de René Magritte, toutes plus intrigantes les unes que les autres, cela n’a rien d’étonnant : c’est même une condition à remplir, sinon la seule échappatoire possible afin de garder un tant soit peu les pieds sur terre et ne pas basculer dans la psychose…
Cela n’étonne pas non plus que l’auteur du Voyage en Grande Carabagne se saisisse de la circonstance comme d’un tremplin pour l’écriture. « Les mots à écrire me furent utiles, indique-t-il dans la préface originale de 1964, ces habituels empêcheurs à me balancer indolemment entre plusieurs impressions indéfinies me remettaient constamment au devoir des correspondances et de ne pas...
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